09 73 03 24 81 gatheron@gmail.com

blog

Phobie

Systématisation et déplacement de l’angoisse sur un objet, une situation ou une personne…

La phobie est caractérisée par la systématisation de l’angoisse sur des personnes, des objets, des lieux, des situations sociales ou des comportements qui deviennent l’objet d’une terreur paralysante. Cette angoisse est perçue par le sujet qui en est le siège comme débordant ses possibilités de contrôle.

…et lutte contre-phobique.

Le symptôme phobique suppose donc la projection et le déplacement d’une représentation inconsciente en rapport avec des fantasmes inconscients. Autrement dit, l’objet phobique vient symboliser en lieu et place un fantasme inconscient inacceptable pour la conscience du sujet. Ce mécanisme de défense tend à remplacer l’angoisse d’un danger interne par la peur d’un danger externe, ce qui va permettre au sujet de trouver dans la réalité des stratégies d’évitement de cette angoisse, ce qui va aussi avoir pour conséquence de limiter son activité à des degrés divers. Pour réduire cette restriction de ses activités, il a parfois recours à la présence d’un tiers, le compagnon contraphobique c’est-à-dire dont la présence aura un effet de réassurance et donc d’une diminution l’angoisse.

Sans qu’il en ait conscience, le sujet est pris d’une angoisse interne qu’il ne peut reconnaître. Le mécanisme inconscient à l’œuvre consiste à déplacer cette angoisse interne sur un objet de la réalité externe, une situation, un animal, une personne, etc. Ce sera l’objet phobique.

Les situations phobiques

Le thème le plus fréquent renvoie à la phobie de l’espace. Il se manifeste par la peur de sortir de chez soi, par la peur des espaces découverts (agoraphobie) ; par la peur des espaces clos (claustrophobie).

Dans la plupart des phobies de l’adulte, ces trois craintes phobiques essentielles se retrouvent dans des proportions diverses. Comme exemple de ce vaste ensemble, on peut citer le vertige phobique comme la peur des étages, des ascenseurs ou des montagnes ; la peur de l’obscurité conçue comme un espace menaçant ; la peur des moyens de transport comme la peur du bus, du métro ou du train ; la peur de la foule dont une des versions est le « trac » c’est-à-dire la peur de parler ou de paraître en public.

Une autre catégorie de phobie concerne principalement le milieu social, c’est-à-dire que ce sont les relations individuelles ou collectives avec autrui qui sont l’objet d’une angoisse panique. C’est l’exemple de la phobie de la rougeur (érythrophobie), la phobie du contact humain, de regarder telle ou telle personne, de parler à un collègue, à un supérieur hiérarchique ou encore à un représentant de l’autorité, etc.

Il est important de préciser ici que certains adultes souffrent de phobies d’impulsion c’est-à-dire de la crainte de commettre une agression à l’égard d’une autre personne (acte hétéro-agressif), le plus souvent un proche ou à l’égard de soi-même (acte auto-agressif). Ces phobies d’impulsion entrent classiquement dans le cadre de la névrose obsessionnelle. Les nosophobies (peur irrationnelle de contracter une maladie) entre dans le cadre de l’hypocondrie c’est-à-dire la crainte de tomber malade, la moindre observation étant interprétée comme le signe d’une maladie grave.

Quant à l’éreutophobie ou peur de rougir est banale à l’adolescence.

Survivances d’expériences infantiles

Certaines survivances d’expériences infantiles peuvent persister chez l’adulte sous formes de phobies. Il s’agit essentiellement :

– De reliquats des phobies de la première enfance: les phobies des gros animaux connus de l’enfant par l’expérience directe (cheval, chien, etc) ou par ouï-dire par l’intermédiaire par exemple des contes (dragon, loup, lion, etc.). Ces animaux sont imaginés dans des attitudes menaçantes de dévoration ou de poursuite.

– Des reliquats des phobies de la deuxième enfance, qui concerne les petits animaux (insectes, souris, etc.) dont la menace éprouvée comme un atteinte à l’intégrité corporelle suscite une importante répulsion.

Retenons enfin l’importance de la vue dans la situation phobique : tous les symptômes sont en rapport avec des situations visuelles

.

Toutes les phobies sont des sortes « d’exutoires »

Il serait fastidieux et probablement inutile d’énumérer l’interminable liste des situations phobiques. Ces phobies se présentent très diverses et en même temps incompréhensibles tant pour le sujet qui en est le siège que par l’observateur extérieur.

En revanche, si on se donne la peine de les étudier de l’intérieur, telles quelles sont vécues par le malade, dans une analyse psychologique, on découvre au contraire que ces phobies ont quelque chose de semblable entre elles.

C’est à partir d’une écoute attentive et bienveillante du sujet souffrant de phobies au cours de séance de psychothérapie, que Freud a su découvrir à l’origine de ces formations phobiques une activité fantasmatique inconsciente, une disposition névrotique qui déplace l’angoisse dans une sorte d’exutoire qu’est le symptôme phobique.

Les conduites phobiques

Les conduites phobiques consistent en effet à recourir à des stratagèmes pour conjurer l’angoisse. Il s’agit essentiellement :

Des conduites d’évitement

Si la rencontre avec un objet phobique se présente, le sujet se trouve alors en proie à une grande crise d’angoisse avec toutes les manifestations psychologiques et physiologiques. Il va alors se comporter de façon à éviter cette rencontre avec l’objet phobique. Cette situation va aboutir à des conduites de fuites diverses selon la forme et l’intensité de l’angoisse. Certains sujets excluent certaines occupations, un moyen de transport ou certains quartiers. D’autres se limitent à des trajets définis, par exemple une seule ligne de métro ou de bus. D’autres enfin se cloîtrent chez eux pour éviter toute rencontre terrifiante.

Petite aparté : certaines personnes ont très bien vécu le moment de confinement que nous avons connu durant la crise sanitaire liée au Covid-19. Elles télé-travaillaient, le compagnon ou la compagne s’occupait des courses. Le confinement les protégeait de toute rencontre avec leurs objets, personnes ou situations phobogène. Tout allait bien !

Des conduites rassurantes ou de sécurisation

Le sujet peut aussi avoir recours à une conduite de rassurement. Il s’agit le plus souvent de la présence d’une personne connue mais ça peut aussi être par exemple dans un transport en commun la recherche d’un visage anonyme mais apaisant qui viendrait occuper cette fonction contre phobique de rassurement. Parfois, ce peut être un endroit précis ou un objet, évocateur de la protection, qui remplit cette fonction sécurisante. Dans tous les cas, Il semble surtout qu’il s’agisse de ne pas se sentir seul.

Évolution

Il faut insister sur le fait que cette angoisse phobique s’origine dans les vécus infantiles. Le sujet pris par cette angoisse n’a pas toujours souvenir de les avoir vécues enfant. Parfois, il l’apprend en discutant avec ses parents. Il découvre alors qu’il a pu vivre une période assez longue de phobies de l’enfance. Les terreurs nocturnes qui normalement cessent à deux ans environ ont duré plusieurs années relayées par exemple par des phobies d’animaux.

Il arrive souvent que certains sujets arrivent masquer à leur entourage leurs symptômes phobiques alors même qu’ils peuvent être très gênants. Ils ont recours à de multiples astuces pour cacher leur peur ainsi que leurs moyens de rassurement.

Cependant, il y a un moment où cette lutte conduit à une forme d’effondrement et une crise dépressive.

Le sujet peut ressentir le besoin de consulter lorsque l’ampleur qu’a progressivement pris sa phobie initiale est venue rétrécir son espace de vie, réduisant petit à petit ses sorties à un trajet, puis à une rue, puis au tour du pâté de maisons, pour le confiner finalement à sa chambre. Il peut aussi ressentir ce besoin de consulter au cours d’un épisode d’angoisse, de fatigue plus marquée parce que la lutte est devenue psychiquement trop coûteuse. Car la phobie est un combat.

Thérapeutique

Les approches comportementales et cognitives peuvent s’employer à réduire l’intensité de certains symptômes, voire à le faire disparaître au risque cependant de voir apparaître un autre symptôme tout aussi invalidant un peu plus tard. Certaines pratiques particulièrement traumatisantes doivent être en revanche dénoncées comme celles qui consistent à contraindre un sujet à se retrouver face à son objet ou situation phobogène.

L’approche dite psychodynamique autrement dit la psychothérapie psychanalytique reste une indication dans la mesure où elle va inviter le sujet à s’intéresser à son monde interne dans lequel s’origine ses angoisses phobiques. Rappelons ici que les phobies, ces peurs irraisonnées et irrationnelles, déclenchées par une circonstance sans danger manifeste, correspondent au déplacement (projection) sur un objet, une personne ou une situation du monde extérieur d’une figure angoissante de l’univers psychique.

Autres articles

Troubles psychiques à l’adolescence et psychothérapie

Troubles psychiques à l’adolescence et psychothérapie

Troubles psychiques à l’adolescence Les adolescents peuvent être confrontés à une variété de troubles psychiques qui peuvent avoir un impact significatif sur leur bien-être émotionnel et leur fonctionnement quotidien. Voici...

Les différentes étapes de la construction d’un enfant

Les différentes étapes de la construction d’un enfant

Le développement d'un enfant passe par différentes étapes qui sont généralement divisées en cinq domaines clés : Le développement physique Le développement cognitif Le développement social Le développement affectif Le développement du langage. Voici un aperçu des...

Prendre un enfant par la main

Prendre un enfant par la main

"Prendre un enfant par la main et l'emmener vers demain" est une phrase tirée de la chanson intitulée "Prendre un enfant" écrite par Yves Duteil, un chanteur et auteur-compositeur-interprète français. La chanson a été écrite en 1976 et est depuis devenue un classique...

Le développement psycho-moteur de l’enfant

Le développement psycho-moteur de l’enfant

Le développement psycho-moteur de l'enfant : Le développement psycho-moteur de l'enfant se déroule en plusieurs étapes qui sont généralement divisées en quatre grandes périodes : La période néonatale La période de la petite enfance La période préscolaire La...

Troubles du comportement chez le jeune enfant et psychothérapie

Troubles du comportement chez le jeune enfant et psychothérapie

Quelques troubles du comportement chez le jeune enfant : Les troubles du comportement chez le jeune enfant peuvent prendre différentes formes et avoir diverses causes. Il est important de noter que certains comportements perturbateurs peuvent être normaux à un...